Article paru sur le site internet du Nouvel Observateur
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Science & Santé
Un extrait de cannabis contre des tumeurs cérébrales
NOUVELOBS.COM | 16.08.04 | 13:24
Des chercheurs espagnols ont ralenti la croissance d’une tumeur du cerveau grâce à un composé extrait du cannabis. L’équipe de Manuel Guzmán, de l’Université Complutense de Madrid, a utilisé ce composant pour freiner le développement des vaisseaux sanguins qui irriguent la tumeur. Obtenus sur des rongeurs, ces résultats ont été validés sur deux malades atteints de glioblastome multiforme et publiés dans la revue Cancer Research.
Cette tumeur maligne du cerveau est très difficile à soigner, que ce soit par chirurgie, par radiothérapie ou chimiothérapie. Guzmán et ses collègues ont administré un extrait de cannabis (le Delta 9 THC) a des souris atteintes de ce cancer. Ils ont constaté qu’il ralentissait l’activité de certains gènes impliqués dans la production d’un facteur de croissance (VEGF) essentiel à l’angiogénèse –la formation des vaisseaux. En inhibant ce processus, les chercheurs ont ralenti la croissance de la tumeur cérébrale.
L’équipe de Guzmán a vérifié l’efficacité de l’extrait de cannabis sur deux patients souffrant de glioblastome multiforme pour lesquels aucun traitement n’avait donné de résultats. Les prélèvements effectués avant et après l’administration du Delta 9 THC ont montré une diminution du taux de VEGF suite au traitement. Ces résultats sont encourageants mais encore très préliminaires.
Cécile Dumas
(16/08/04)
Un extrait de cannabis contre des tumeurs cérébrales
voici un article du figaro sur le meme sujet
http://www.lefigaro.fr/sciences/20040817.FIG0337.html
CANCER
Le cannabis testé contre une tumeur cérébrale
Catherine Petitnicolas
[17 août 2004]
Apprécié depuis la plus haute Antiquité pour ses vertus antalgiques et antispasmodiques, le cannabis et ses très nombreux dérivés connaissent aujourd'hui un regain d'intérêt en médecine dans de multiples indications : soulagement des nausées liées aux chimiothérapies du cancer, stimulant de l'appétit chez les malades atteints de sida ou d'hépatite C, antalgique au mécanisme d'action différent de celui des opiacés, action antiraideur et antispasme chez les patients atteints de sclérose en plaques, etc.
Des indications plus ou moins validées scientifiquement mais qui suscitent un vaste engouement chez les malades devenus insensibles aux traitements conventionnels. Tant et si bien que plusieurs pays dont les Pays-Bas délivrent désormais du cannabis thérapeutique.
Dernière découverte en date des effets positifs de cette plante, dans le domaine du cancer cette fois. Des chercheurs madrilènes, viennent de publier dans la revue Cancer Research le mécanisme par lesquels des dérivés cannabinoïdes sont capables d'affamer et donc de détruire certains types de tumeurs cérébrales, des glioblastomes (1) en bloquant la croissance des vaisseaux sanguins qui les irriguent. Chez la souris, mais aussi plus significatif, chez l'homme.
Cette publication s'ajoute aux nombreux travaux portant sur l'inhibition de l'angiogénèse, un concept particulièrement novateur, qui fit la une des journaux en mai 1998. Son principe est simple : s'opposer au déve loppement anarchique des tumeurs en bloquant les molécules qui contribuent à la formation de nouveaux vaisseaux qui alimentent en oxygène et en nutriments ces cellules cancéreuses particulièrement voraces.
Des travaux précédents avaient déjà montré que les cannabinoïdes peuvent bloquer la croissance de ces «néovaisseaux» chez la souris, mais sans comprendre les mécanismes en oeuvre dans ce processus. C'est désormais chose faite.
Après avoir réussi à obtenir des souris atteintes d'une forme de tumeur cérébrale proche du glioblastome, l'équipe espagnole du Dr Manuel Guzman a traité avec succès ces souris avec des cannabinoïdes et s'est intéressée à certains de leurs gènes. Les chercheurs ont démontré que l'activité des gènes commandant la synthèse de VEGF (pour facteur de croissance de l'endothélium vas culaire responsable de l'appa rition de ces néovaisseaux) était réduite grâce à un tel traitement.
Les cannabinoïdes sembleraient capables d'étouffer la production de ce facteur de croissance de l'endothélium vasculaire, en augmentant l'activité d'une substance baptisée céramide, qui contrôle la mort cellulaire. «A notre connaissance, c'est la première fois que l'on réussit à démontrer un tel phénomène», précise sobrement le Dr Guzman.
Dans un second temps, son équipe a tenté de reproduire les mêmes résultats chez l'homme. Ou plus précisément sur des échantillons de glioblastomes prélevés chez deux patients en échec thérapeutique, ne répondant plus ni à la chirurgie, ni à la chimiothérapie, ni à la radiothérapie. Ces deux prélèvements ont été mis en présence d'une solution de cannabinoïdes, infusée directement dans la tumeur. A l'issue d'un tel traitement, les taux de facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF) ont été notablement réduits. Un résultat encore très expérimental mais qui laisse augurer de perspectives encourageantes dans le traitement de ces tumeurs particulièrement difficiles à juguler.
La piste des inhibiteurs des VEGF est à l'heure actuelle en cancérologie une voie très prometteuse, empruntée par de très nombreuses équipes de recherche.
Mais c'est une voie semée d'embûches car il faut réussir à sélectionner des molécules qui, tout en étant les plus efficaces, auront le moins de toxicité possible et sauront naviguer entre deux écueils, le risque hémorragique et le risque de caillots.
(1) Tumeurs caractérisées par la prolifération de volumineuses cellules développées à partir de la glie (le tissu de soutien du système nerveux central qui forme l'essentiel de la substance blanche). Leur évolution est malheureusement très rapide.
http://www.lefigaro.fr/sciences/20040817.FIG0337.html
CANCER
Le cannabis testé contre une tumeur cérébrale
Catherine Petitnicolas
[17 août 2004]
Apprécié depuis la plus haute Antiquité pour ses vertus antalgiques et antispasmodiques, le cannabis et ses très nombreux dérivés connaissent aujourd'hui un regain d'intérêt en médecine dans de multiples indications : soulagement des nausées liées aux chimiothérapies du cancer, stimulant de l'appétit chez les malades atteints de sida ou d'hépatite C, antalgique au mécanisme d'action différent de celui des opiacés, action antiraideur et antispasme chez les patients atteints de sclérose en plaques, etc.
Des indications plus ou moins validées scientifiquement mais qui suscitent un vaste engouement chez les malades devenus insensibles aux traitements conventionnels. Tant et si bien que plusieurs pays dont les Pays-Bas délivrent désormais du cannabis thérapeutique.
Dernière découverte en date des effets positifs de cette plante, dans le domaine du cancer cette fois. Des chercheurs madrilènes, viennent de publier dans la revue Cancer Research le mécanisme par lesquels des dérivés cannabinoïdes sont capables d'affamer et donc de détruire certains types de tumeurs cérébrales, des glioblastomes (1) en bloquant la croissance des vaisseaux sanguins qui les irriguent. Chez la souris, mais aussi plus significatif, chez l'homme.
Cette publication s'ajoute aux nombreux travaux portant sur l'inhibition de l'angiogénèse, un concept particulièrement novateur, qui fit la une des journaux en mai 1998. Son principe est simple : s'opposer au déve loppement anarchique des tumeurs en bloquant les molécules qui contribuent à la formation de nouveaux vaisseaux qui alimentent en oxygène et en nutriments ces cellules cancéreuses particulièrement voraces.
Des travaux précédents avaient déjà montré que les cannabinoïdes peuvent bloquer la croissance de ces «néovaisseaux» chez la souris, mais sans comprendre les mécanismes en oeuvre dans ce processus. C'est désormais chose faite.
Après avoir réussi à obtenir des souris atteintes d'une forme de tumeur cérébrale proche du glioblastome, l'équipe espagnole du Dr Manuel Guzman a traité avec succès ces souris avec des cannabinoïdes et s'est intéressée à certains de leurs gènes. Les chercheurs ont démontré que l'activité des gènes commandant la synthèse de VEGF (pour facteur de croissance de l'endothélium vas culaire responsable de l'appa rition de ces néovaisseaux) était réduite grâce à un tel traitement.
Les cannabinoïdes sembleraient capables d'étouffer la production de ce facteur de croissance de l'endothélium vasculaire, en augmentant l'activité d'une substance baptisée céramide, qui contrôle la mort cellulaire. «A notre connaissance, c'est la première fois que l'on réussit à démontrer un tel phénomène», précise sobrement le Dr Guzman.
Dans un second temps, son équipe a tenté de reproduire les mêmes résultats chez l'homme. Ou plus précisément sur des échantillons de glioblastomes prélevés chez deux patients en échec thérapeutique, ne répondant plus ni à la chirurgie, ni à la chimiothérapie, ni à la radiothérapie. Ces deux prélèvements ont été mis en présence d'une solution de cannabinoïdes, infusée directement dans la tumeur. A l'issue d'un tel traitement, les taux de facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF) ont été notablement réduits. Un résultat encore très expérimental mais qui laisse augurer de perspectives encourageantes dans le traitement de ces tumeurs particulièrement difficiles à juguler.
La piste des inhibiteurs des VEGF est à l'heure actuelle en cancérologie une voie très prometteuse, empruntée par de très nombreuses équipes de recherche.
Mais c'est une voie semée d'embûches car il faut réussir à sélectionner des molécules qui, tout en étant les plus efficaces, auront le moins de toxicité possible et sauront naviguer entre deux écueils, le risque hémorragique et le risque de caillots.
(1) Tumeurs caractérisées par la prolifération de volumineuses cellules développées à partir de la glie (le tissu de soutien du système nerveux central qui forme l'essentiel de la substance blanche). Leur évolution est malheureusement très rapide.