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[GÉNÉTIQUE BOTANIQUE GUIDE] L'Inbreeding ou IBL (v1)

Posté : 05 févr. 2010, 18:12
par Sorcier
Bon... croyez pas qu'à la première ligne du truc je fais le zouave à danser la gigue :lol:
Par où je commence moi...

A - Rappel : IBL, présentation
1 - Rappel : Génotype et Phenotype
2 - Rappel : Dominant et Recessif
3 - Rappel : L'équation génétique
3 - Inbreeding : Analyze des phénos
4 - Inbreeding : Prévisionnel de descendance
5 - Inbreeding : Avancer le projet.

A - IBL, présentation

Les produits actuellement dominant du marché en 2010 sont :
- la F1, le croisement de deux variétés étrangères l'un de l'autre, mâle, femelle et hermaphrodite
- la S1, le croisement d'un spécimen sur lui même par manipulation chimique, principalement femelle et hermaphrodite.
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Il y a un petit peu plus de 10 ans de ça, quand un paxon de bonnes graines à 35€ tenait du pur fantasme, les releases étaient très proches des IBL originels et de leur P1 fraichement sélectionnés. Si on remonte en amont encore (là il doit rester peut être 10 membres FCF :mdr:) la distinction dans les catalogues entre F1 et IBL n'était même pas nette.
C'est aujourd'hui un produit de luxe réservé à des connaisseurs sur un marché de niche extrémement exigeant, où le prix des graines régulières sont de plusieurs fois celles des féminisées les plus marketées. Et qui ne sont pour toutes des strains forcément cotées dans le passé par la même, c'est juste qu'elles n'existent plus aujourd'hui.

Aujourd'hui dans le commercial qu'est ce que l'on a en IBL... je laisse chaque enseigne prendre le risque de vous répondre et vos connaissances faire la différence en sélection.

Pour en revenir à la méthode en elle même, elle consiste à faire évoluer une variété tout en la laissant pure. Ce qui implique des hauts degrés de cosanguinité successifs.
Dans le cas d'une landrace ont va partir du P1 et créer les gen1, gen2 ou ibl1, ibl2 ou encore moncross1, moncross2 lol et dans le cas d'un départ F1 on se contentera d'ajouter +1 au F à chaque génération : F1, F2, F3 etc...
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C'est un travail qui est encore porté sur l'autel, quand on parle d'IBL breeder on touche presque à un artefact. Hors la plupart de ces personnes sont loin de s'imaginer du matériau génétique que c'est, les hollandais leur ont dit que ça poussait inconditionnellement encore plus stable que des F1 :mrgreen: En vous expliquant les tenants et aboutissants vous allez vite vous rendre compte de la grossiéreté du truc.

Donc il s'agit bien aussi de stabilité avec l'IBL mais pas de photocopier un spécimen dans le génotype comme avec le backcrossing. Cette dernière technique a pour simple tâche d'écraser une diversité donnée (l'héritage mâle généralement) avec un standart de spécimens donné (l'héritage femelle, plus généralement des clones célèbres). Un backcrossing fait avec compétence peut être vendu sans problème pour un IBL en jouissant de l'effet marketing que j'ai cité plus haut.

Seulement si un backcross prend au maximum un an, un IBl peut ne jamais prendre fin. Et même là, la notion de stabilité ne sera pas la même, vous allez en voir après toute la mécanique de toute façon.

Ce qu'il y a à retenir c'est que l'IBL n'est pas une méthode qui vous offre la stabilité des phénos vendue par les marchands du temple, qu'elle soit chimique, backcrossée et essouflée à mort, recroisée à toutes les sauces... c'est une toute autre forme de taff pour une tout autre utilité.

En F1 l'équilibre du backcross va basculer très vite sur la dominance d'un seul parent, voir quasi disparaitre face à une landrace entretenue.
L'IBl dominera quasiment tout ce qu'il touche en commercial.

Le backcross n'a pas de valeur génétique en soit, c'est une manière de partager un phénotype bien particulier sur une génération déterminée.
L'IBL lui a pour fonction de la préserver et de la catalyser sur une génotype sélectionné, afin d'en extraire des phénos précis par un levier de diversité maitrisée.

Ce n'est vraiment pas une nuance car le consommateur a plus tendance à prendre des F1 ou des BC pour des IBL que l'inverse sans se soucier des ratios contradictoires dans les pots...

1 - Rappel : Génotype et Phenotype

L'IBL va demander plusieurs couches de reflexions et d'analyses, et l'analyse du génotype/phénotype est la premières, celle qui équarrit un peu pour les suivantes.
Je tiens à rappeler que sans ces filtres suivis à la lettre, mieux vaut en rester à des travaux plus simples pour se forger une autodiscipline de fer. Il y aura du résultat au moins.
C'est un long taff qui doit commencer pour des raisons motivées et censées.

Genotype

C'est ni plus ni moins le groupe qui est en sélection, mais dans sa considération abstraite. Il est mathématiquement impossible de "connaitre par coeur un genotype" étant donné qu'il est infini, mais vous serez à même de le dire après quelques générations tout de même. Les plantes demeurent un matériau facile pour ça, contrairement au règne animal dans les mêmes conditions.

Le génotype c'est aussi ce que vous êtes censé acheter quand vous achetez des seeds, une palette donnée de traits commun. C'est ce que décrit le breeder sur sa plaquette commerciale.
60j flo, très cristallisée, odeur d'agrume... c'est un génotype décrit succintement à la hollandaise. Ce que je vous déconseille fortement si vous voulez un jour faire ce qui vous chante.

Phenotype

Dans ces traits généraux, on aura une marge plus ou moins grande de stabilité sur les traits annoncés du génotype : 60j de flo etc..., qui est totalement indépendante de l'apparence des spécimens.
Tout ces spécimens représentent les valeurs exactes dont on en a fait la moyenne sous forme de "génotype". Donc dans les deux cas on parle bien de la même chose, c'est pour exprimer deux concepts d'analyse différent.

Un phénotype exprime la valeur intrinséque du spécimen au sein de son groupe.
Le génotype exprime la valeur commune des spécimens d'un groupe.

Comme on dira ce pompier est rapide, et cette équipe de pompiers est rapide. C'est la même.

2 - Rappel : Dominant et Recessif
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C'est la barrière que beaucoup n'arrivent pas à franchir en pratique. Le pire c'est que je n'ai pas de conseils vraiment utile pour aider; il faut prendre le temps d'essayer de ressentir l'expression globale du spécimen, son port prévaut sur ses détails... c'est tout ce que j'ai trouvé lol

La notion de dominance et de récessivité s'utilise aussi bien pour qualifier une génotype qu'un phénotype. Je vais focaliser sur les phénos afin de rester dans la vulgarisation pratique ce qui est déjà pas simple.

Le fondement de la génétique tourne autour d'un concept très simple : la représentation majoritaire d'un phénotype indique sa dominance génétique au sein de son génotype, ce qui inclue une descendance majoritairement construite avec cet assemblage de gènes. Les phénotypes en reste sont des phénotypes récessifs, dont le nombre est en recession et/ou constemment minoritaire.

Porté au génotype, on dira que la WW est dominante sur une JH plus en floral qu'en grow.
Mais coté grow la WW réduit le gigantisme sativa (c'est un trait à part entière) par nature dominant, ce qui indique que derrière la shape hybride apparente on a là des F2 potentielles très diversifiés.

On a vite fait de se perdre... ce qu'il faut en retenir c'est que ce sont des adjectifs abstraits pour simplifier la communication mais surtout la notation et c'est là le gros de la partie.
Pour débuter on va noter la qualité dominante par D et la qualité récessive par R et reprendre la WW en exemple.

2 - Rappel : l'équation génétique

On va dire qu'on lance un IBL avec simplement dans l'idée d'augmenter le rendement sur 5 générations départ F1.
Les phénos donnant plus de 30gr en conditions X sont noté F(fat) et ceux donnant moins sont L(light).

En F1 on lance ses seeds et on analyse ce qu'il y a avant tout au lieu de se jeter dans la selection d'entrée comme un newb' :petard:

Imaginons qu'on ait un ratio de 3F (grosses dondons): 1FL (moyen): 1L(rendement pauvre) sur notre trait rendement... nice! un coup de bol! ça arrive une fois par siècle peut être sinon aucun projet ne naitrait... :mrgreen:

Imaginons maintenant qu'on ait un ratio 3L : 1FL : 1F, c'est moins marrant tout de suite mais bien plus proche de la réalité : relever un défi quelconque.

On peut donc dire que dans le dernier cas on a 4 dominants dont un hybride et un récessif et que L=D, FL = DR et F=R.
Mais qu'est ce qui nous sort son DR et son FL au dessus, il nous embrouille là :mdr:

C'est THE point critique du newb', le mur de Berlin je dirais.

Il faut avaler le fait qu'il n'existe pas d'amalgame en génétique., au delà des apparences.
Un hybride ne peut pas être la représentation moyenne de deux strains comme beaucoup d'ouvrages casual sur le cannabis l'affirment, mais la représentation équilibrée de certains traits bien définis dans les phénotypes d'un génotype donné. Si au départ l'héritage mâle et femelle est assurément équilibré (sinon l'embryon est non viable) à 50/50, son expression n'y ait pas conditionnée en aval. C'est en fait là que réside tout le sport, le jonglages entre traits récessifs et dominants pour créer un nouvel équilibre.

Dans le cas de notre Jack Widow plus haut, la strain n'est pas un mild des deux mais un quadrillage rempli de points comme un QCM, avantage WW sur le nombre de cases.

Est ce que tous les phénos male WW vont donner le même résultat sur les femelle JH, non.
Est ce que tous les phénotypes dominants de males WW vont donner le même résultat sur les phénotypes dominants de femelles JH, oui. Et généralement quand c'est le cas pour une strain vous voyez vite les hybrides en tout genre débouler en nombre après, la facilité et l'industriel ne font qu'un. C'est son essence même.

La première phase nécessaire pour ne pas partir sur un IBL de façon utopique qui se finira en F3 qui ressemble à rien, c'est de bien savoir différencier les effets de l'hybridation en F1 des phénotypes dominants. J'ai vu des newb' et moins newb' pourrir leur propre taff avec des phénos hybrides (D/R) dans l'optique d'un IBL, forcément en descendance le génotype est encore plus splitté que l'inverse si il ne fait pas un feu de paille du taff en amont. Répétez après moi : multi-lignées.
La seule recette qui existe est une analyse patiente des traits et de leur notation, et la meilleure façon de se planter est d'essayer de raccorder son breeding plan au vivant. C'est la pire des situations.

Quitte à limiter les traits bossé à 3 ou 4, mieux vaut qu'ils soient parfaitement maitrisé sur le pedigree travaillé pour espèrer un résultat.

Voici pour les bases de réflexion et la méthode d'appréhension du projet.

Chaque levier cité mériterait un gros tuto à part entière mais j'ai déjà du mal à trouver le temps d'écrire cette synthèse ci en plusieurs fois. J'essaies de commencer/continuer un bouquin plus exhaustif en parraléle et là aussi c'est pas de la tarte... avec le canna c'est tellement vaste et pointu à la fois qu'on passe vite la barre du truc qu'on peut écrire après le taff de la journée lol Donc faut pas s'énerver dessus je ne pense pas être le dan brown du cannabis, je danserais la gigue avec un gros chèque d'éditeur sinon lol

3 - Inbreeding : Analyze des phénos

Maintenant que les informations sont récoltées et consignées, c'est là qu'on entre vraiment dans une spécialisation des méthodes dédiées à l'inbreeding. Cela commence du choix des strains au nombre de lignée nécessaire pour l'espace temps consacré au projet... bref, le but ce n'est pas de vous filer une martingale pour chaque difficulté que vous allez rencontrer mais bien une simple aide décisionnelle adaptable. C'est un taff malgré tout très solitaire et personnel, et c'est sans arret que vous êtes confronté à des hésitations et à leur anihilation par un méthodisme flexible. Il faut arréter de se faire des films.

Donc on a les traits bossés qu'on a noté et regroupés en phénos. On est au stade 1 : statistique.

Les plus impatients vont se jeter sur l'analyze du breeding plan et tracer d'entrée leur diagramme des phénos, pour faire un cliché de ce qu'ils ont en crop et le raccorder avec leurs propres informations concaténées humaines (odeur+texture+vue+experience de chaque phéno = feeling phéno par phéno, faussé ou non).
C'est la meilleure partie donc c'est forcément celle où on a tendance à vouloir y passer le plus de temps, voir en faire une méthode à part entière. D'un point de vue qualitatif je dirais que c'est la première étape de prise de conscience. Vu comme unique moyen de concrétiser les selections, on est dans le plus pur freestyle pour le moment. Autant dire que seul 1/1000 en sera capable peut être, si ses compétences en grow suivent derrière en sus.

Les plus patients vont prendre le temps de traiter ces statistiques avant d'en faire un quelconque raccord avec le génotype lancé... et en tirer toute la puissance chirurgicale à mon sens. C'est ici que les IBL survivent des décades sans broncher par contre, et qu'on voit le maçon au pied du mur. Il ne s'agit pas d'une considération qualitative ici mais bien de choisir qui va diriger les opérations : les plantes ou le breeder.

Rien ne vaut un exemple type pour clore la parenthèse. Imaginons Breeder1 travailler sur une énième (BigBud x Skunk) parralélement à Breeder2, les deux sur un seul trait : obtenir des rendements records au mètre carré.

Breeder1 est de l'école freestyle, il va donc traiter les données directement.
Breeder2 est de l'école méthodique, il va faire subir à la récolte des informations plusieurs traitements, ou la passer sur un "filtre" si on veut.
Imaginons maintenant quelque chose d'impossible pour rendre plus évidente l'approche : les deux ont la même surface, les mêmes phénos en duplicata, cultivent de la même manière... on ne change que la méthode.
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L'espace va donner aux deux breeders :
25 specimens donnant 90 grammes bruts/35 grammes sec dont 10 de manucure.
50 specimens donnant entre 100 et 120 grammes bruts/30 grammes et 36 grammes sec dont 14 de manucure.
25 specimens donnant 150 grammes bruts/35 grammes sec dont 15 de manucure.

Le newb' ne prendra en compte que le poids sec ou le poids brut pour selectionner.
Breeder1, si il s'est imposé le minimum syndical, retiendra les phénotypes ayant donné le moins de manucure.
Breeder2 pésera sa manucure et l'incluera dans l'équation phénotypique : ratio de perte au séchage + ratio de perte à la manucure.

Le newb' va arriver peut être à augmenter de 10% le rendement de ses lignées sur peut être plus d'une dizaine de générations très diversifiées.

Le Breeder1 va obtenir un effet immédiat de sa pression en descendance sur la récolte globale mais va généralement se faire voler son projet pour sa propre génétique en devant adapter sa selection sur des phénos choisis pour lui. Dans ce cas précis il n'a pas la possibilité de travailler autrement que sur un seul et même paramètre, ce qui réduit l'interet de lancer un IBL pour augmenter le rendement au metre carré d'une strain, à néant en regard d'autres techniques plus adaptées pour un résultat rapide comme le backcrossing par exemple.

Le Breeder2 est le seul qui va en pratique travailler sur le rendement au mètre carré de la variété. Déjà par le simple fait que c'est le seul à avoir une carte génétique pour se guider, mais aussi parce qu'il connait les traits liés au rendement. Ces traits liés sont autant des bénéfices que des pertes, et jongler avec reste le seul moyen d'avoir la main sur quelque chose en IBL.

Mettons que parralélement à l'augmentation du rendement de 30% de la génération précédente, Breeder2 a découvert que le temps de clonage avait augmenté de près de 30% (ce qui réduit l'interet d'une strain commerciale mais ce n'est pas ce trait qui est travaillé ici précisément).
Contrairement à la génération précédente, pour continuer son taff Breeder2 va inclure le temps de clonage dans ses données de sélection et resserer le génotypes autour de ces paramètres, ce qui implique une stabilisation de ces derniers et une reduction de la diversité des phénos les exprimant, par pure mécanique sélective. Bien entendu plus on multiplie le contrôle que l'on a sur les traits liés plus on augmente son emprise sur l'équilibre génétique des générations à venir.

Mais après cette première phase qui est comme celle de la phase de réduction dans les équations, on en vient à l'objectif en soit qui est lui en court : augmenter la densité de produit fini au mètre carré, que ce soit en minimisant la perte végétale du floral ou bien sa réaction au traitement du séchage/curing.
Ce qui ne va pas forcément avec la notion de rendement sur le plan classique.

Plus tard, quand les résultats seront convaincants sur ce premier objectif, un autre peut très bien être lancé derrière pour augmenter le production des branches secondaires, conditionner les spécimens à de bas wattages ou être sélectionnés selon le volume racinaire... tout ceci pour augmenter le rendement de la plante elle même derrière. Le processus de la création d'une strain en IBL dans cas précis, est un véritable patchwork.

Maintenant le coté pratique et les diagrammes à la noix.
Je ne vais pas traiter des bases du mendélisme ici (donc revoir en détail le F1 et F2), et donc focaliser plutôt sur le F3 et F3+n, l'équilibre inhérent à la technique de l'IBL.

Conventionnellement on note cet équilibre : 2D : 1DR : 1R, ce qui veut dire deux Dominants pour une forme Hybride(D+R) pour une forme Récessive. Mis à par quelques cas endémiques spéciaux, c'est d'ailleurs l'équilibre partagé par la plupart des landraces, l'armoire qui vous sera la plus aisée de remplir en analyse phénos dans ce cas de figure pour du non breedé. Bon maintenant tout ça c'est bien joli mais ça ne sert strictement à rien mis à part en comprendre la mécanique.

Je reprend la WW x JH sur une base de sélection simple type rendement.
On se retrouve maintenant avec notre matériau F3 en main pour enfin commencer à jouer avec l'équilibre cosanguin crée pendant deux générations en amont.

A ce stade on sait donc que l'architecture JH est un vrai facteur de rendement pour l'hybride, tout en étant récessif jusqu'au smoke. On a donc une population qui a perdu en hauteur (qui tape plus le mètre que le mètre cinquante), qui suit un peu le rythme d'une skunk calée à 60 et qui commence à maturer à 30. Tout ceci vous êtes censés le savoir et en avoir des traces au moment où vous pollénisez vos F2.
Je le répète encore, il est nécessaire de savoir déjà manier la F1 correctement en amont pour ne pas perdre son temps à IBL tout ce qui passe.

Une des règles universelles les plus critiques que j'ai appris pour le cannabis, c'est qu'une population récessive est obligatoirement représentée par 25% de spécimens toute génération confondue, toute technique confondue. A coté de ça, un mécanisme lié qui tient de l'écosystème fait en sorte que ces 25% soient les antagonistes des 75% restant. Jusque là rien de sorcier.

L'approche la plus naturelle reste celle de l'élimination.
Je vais donc commencer à analyser la descendance F3 pour isoler les 25% récessifs dans un coin, et commencer à baser le plan F4 dessus. Attention, je ne dis pas là qu'il faut systématiquement sélectionner en récessif mais bien commencer à trier par là pour espérer commencer un jour à la faire de manière méthodique.

4 - Inbreeding : Prévisionnel de descendance

Dans le pedigree connu WW x JH F3, on va logiquement avoir 25% de spécimens dépassant les hauteur standarts, fleurissant à 70, et avec donc un rendement supérieur au génotype naturellement ou artificiellement stabilisé (=dominants).

C'est ici vraiment que le breeding entre en jeu, et que le style est donné aux strains que vous créez. Leur caractère en quelque sorte.

Le newb' va focaliser résultat, il doit rapidement rassurer son ego pour prendre de plus en plus confiance en ses sélections et gagner en précision. Il va naturellement être attiré par le monohybridisme dans sa forme épurée et travailler le trait du rendement de manière dédicacée. Sur cet exemple, malgré la facilité apparente de l'équation il se lance dans la plus complexe à maintenir en forme : le breeding pur récessif. Je reviendrais là dessus plus tard.

Le breeder qui a déjà été confronté à de nombreux cas comme celui ci, vas tout simplement dresser une liste statistiques de ses choix et jauger si le projet est viable ou non de manière directe (génération directement descendante) ou indirecte (générations F6, F7, multi-lignées etc..). C'est récurrent qu'on projet jugé trop utopique remonte sur scène à cause d'un poto qui a testé et de tout son environnement direct qui s'accomode très bien du compromis de la strain... qu'on avait jugé trop exigeant au départ. ça je dirais qu'on ne peut pas s'en préserver, surtout si on a l'esprit d'exploration en terme d'hybrides lol

Même si cette réflexion fait évidemment parti des choix en jeu, le choix va plus se porter en pratique sur un panel de combinaisons disponibles.

Dans le cadre de la JHWW, si on breede en pur récessif on augmente certe le rendement mais on rend aussi l'hybridation de départ complétement inutile puisque qu'on fait du reverse engineering sur du JH, même troublé à la WW. Dans ce cadre là on aurait eu mieux fait d'utiliser un mâle JH sur une White Satin.

Il nous reste deux options, les purs dominants qui sont en train de grignoter le stretch JH à chaque génération, ou bien la forme hybride matinée WW qui au final s'avère plus proche de l'objectif initial.

Pour nous aider dans cette tâche on va utiliser une vieille équation obsolète mais parfaitement adaptée au mécanisme de ségrégation du cannabis (qui nous vient d'Hugo de vries, FR)... sans elle je serais condamné à faire des F1 sans saveurs.
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Premier filtre de ségrégation______100% hybrides
Second filtre de ségrégation______75% dominants 25% récessifs
Troisième filtre de ségrégation____25% dominants+50% hybrides+25% récessif
Quatièrme filtre de ségrégation___25% dominants+37.5%hybrides dominants+12.5%hybrides récessifs+25% récessifs

Ce qui nous donne qu'en F3 on a 25% WW (D). : 50% JHWW (DR) : 25% JH (R), sur lequel on peut y apposer la représentation du trait "rendement" de manière absolue.
La meilleur option qu'il nous reste pour rester dans une moyenne à court terme, c'est de choisir comme P1 des specimens WW Dominants contre des specimens JH récessif afin de produire plus d'hybrides à la génération suivante.

En reserrant les rangs sur des traits liés par la suite en descendance (stabilisation en quelques sorte), on peut arriver jusqu'à l'illusion d'une F1. Mais généralement en F4 beaucoup rempilent lol
Il faut dire qu'avec 4 standarts de variation de phénotypes à analyser et classer, c'est moins amusant qu'une F1 assez prévisible en amont.

Maintenant le but est de rejoindre un équilibre F3 "naturel" le plus rapidement possible afin d'en resserrer tous les traits liés comme la corde d'un pendu :petard: , ça se cale dès le F5 progressivement sans trop breeder, très sérieusement un coin de jardin annuel suffit. Par contre c'est l'ère des mutants et de quelques abérrations dûes à la pression qu'il y a sur les gènes. Depuis le F1 seuls 6 spécimens ont apporté leur patrimoine génétique.

C'est un test de résistance qu'il faut sélectionner et isoler pour préserver la qualité du travail en route. Je dirais que la difficulté réside plus sur ce point que la sélection en elle même; car à ce stade vous pouvez vraiment faire faire n'importe quoi à la strain en y prenant le temps. Certains aiment le mutant et se prendre le choux avec, je les considère comme un facteur déstabilisant tout comme l'hermaphrodisme. Les deux se révélent assez contre productif quand on breed en IBL pour la sinse.

La parade est de splitter le génotype en différrent sous-génotypes, caricaturiser la ségrégation en quelque sorte, en autant de lignées parralèles qu'il existe de type de variation.
Dans l'exemple cité, cela va donner 4 lignées différentes F5; ce qui n'est pas non plus le maxima que l'on peut en tirer et c'est ici que ça se complique : les filtres de sélections sont des tamis transparents apposés les uns sur les autres au fil de l'IBL, mais ils ne suivent pas tous les mêmes schémas.

Nous voilà maintenant avec 4 lignées de F5, généralement l'une d'entre elles tombe aux mains des mutants et autres erreurs génétiques, et ce n'est pas forcément évident de prévoir laquelle.
A ce stade de la méthode on assiste à deux exceptions qui peuvent se révéler difficile à apréhender dans le crop, c'est sont les deux lignées crée de purs dominants et de purs récessifs.

Même si leur place au sein du génotype auquel ils appartiennent ne changera jamais sur le long terme, dame nature permet aux espèces des variations et des cycles.
Ce qui peut rendre possible d'avoir une lignée RR (pur récessif) stabilisée comme l'est plus facilement son homologue DD (pur dominant), ce qui avec le clonage et son coté "éternel" revient à dire que vous pouvez produire toutes les combinaisons de manière stables si vous suivez le courant au lieu de l'affronter de front.

Si on s'accroche sur le projet JHWW à vouloir une moyenne des traits, on aura forcément un IBL présentant une bonne diversité et centré sur les hybrides par le coté antagoniste voulu des deux P1. Car à la base le cross est bancal à cause de la dominance de la WW, où de la faiblesse de la JH face à elle en hérédité... au choix.

Par contre, on a une JH qui a traversé une WW et vice versa comme matériau pas dégeu et qui reste generalement supérieur à l'original.
On rajoute à ça que l'IBL à un rôle de "médiateur" avec l'hybridation, ce qui commence à dégager le breeding plan primitif et faire entrevoir toute l'étendue de cette méthode réservée au masochistes.

Inconditionnellement un IBL croisé à une F1 va imposer ses gènes quelque soit son précedent statut génétique. Ainsi généralement notre objectif de départ sera simplement atteint en croisant notre femelle JH F1 non pas avec une WW F1 cete fois ci mais avec l'hybride "lignée WW" F6 qu'on aura sélectionné et qui sera bien plus équilibrée et adaptée à la JH.
Attention je ne parles pas d'un backcross sur P1 mais d'un outcross F1 sur un nouveau P1 JH.
Rien n'empeche non plus de faire un IBL pur JH pour maximiser son contrôle sur les résultats d'une éventuelle F1.

5 - Inbreeding : Avancer le projet.

Le terrain étant maintenant déblayé et connu, on peut enfin revenir sur ce concept de filtres multi-couches. Le matériau est passé du stade brut au stade poli, le breeder en connait toutes les variations, et dispose d'une bonne marge de manoeuvre gràce aux multiples lignées utilisées. C'est maintenant plus un travail de retouche et de lifting qui va commencer, quel que soit le scénario.

Avant d'aller plus en avant, je veux simplement rappeler qu'un pollénisation ouverte à ce stade est plus que judicieuse. C'est une sorte de sauvegarde car à partir de là les choses vont très très vite à se caler en génotype, toute sélection agit comme un gigantesque rateau très fin sur les lignées car peu de probabilités sont accordées à la génération en question par pression. généralement je rassemble toutes les lignées splittées dans une seule et même pollénisation (en équilibre numérique F3 pour les seeds à lancer) et je laisse courir.

Quel que soit la lignée que l'on va choisir, il faudra faire avec son passif et ses anciens calques de sélection. La traçabilité de ces informations, même si ça se résume à un code phéno, est très importante.
Car c'est la base même de ce que l'on a construit en amont pour contrôler les combinaisons génétiques.

Au niveau photographique je conseilles ces spots comme minimas requis : semis "4 feuilles", fin de veg', flo+15, mi flo, fin de flo/carence flush. Cela permet d'avoir le minimum vital en "reconnaissance cognitive" sur les descendances.

Bon, si on établi un bilan on est en possession de 5 lignées F5 : une pour chaque sous-génotype, et une de brassage F6 génétique comme failsafe.
Maintenant on a des exigences breeders très précises, sinon on ne serait pas monté en IBL, ce qui donne : fénêtre de flo 50-55, cristallisation au moins égale au P1 WW et un rendement supérieur au P1 JH.

Cela va nous faire trois filtres universels à appliquer à nos lignées pré-filtrées pour les rejoindre en un objectif bien précis.

L'impatient de tout à l'heure va s'empresser de dire que c'est facile et qu'il suffit d'appliquer les trois filtres simultanément au lignées participantes, puis d'en regrouper le couple parfait quand c'est stabilisé. Ce serait comme attendre le messie en fait lol

Non, on va commencer par déballer les statistiques et se renseigner sur les performances de chaque lignée. C'est parfaitement inutile de tout utiliser si il n'y a pas lieu d'être.
Ainsi seules les lignées se rapprochant le plus des objectifs vont être sélectionnées, dans l'absolu notre "ratio F3 artificiel" d'hybrides dominants et celui des hybrides récessives. On sent comme un leitmotiv nan ?

Cela tombe bien, ces deux lignées ci sont les plus visuellement instables, un petit coup de sélection sur deux générations ne fera pas de mal avec comme consigne respective : (50-55j flo+ cristal) et (50-55j flo +rendement) qui nous aménera en F7. Ce phase est très répétitive et peu interressante en soit sauf pour les stats : lancer un max de seeds et ne s'arréter qu'aux traits définis.

De là on aura les premières infos quant à la viabilité du projet et les options à disposition pour en contourner les difficultés, on aura déterminé si oui ou non dans cette hybride le rendement et la cristallisation sont liés au temps de flo. Oui je sais c'était facile comme exemple et le choix pas débutant du tout.

Dans la F7 HybridesWW(dominants) on ne va presque rien sentir car on s'approche des performances d'origine du P1 dominant qui sont par nature dominantes elles aussi dans le cross. Bon point donc.
Dans la F7 hybridesJH(récessifs) par contre les phénos seront RR déjà par l'antagonisme naturel des deux traits sélectionnés qui est un filtre en lui même, ce qui demandera beaucoup de graines en sélection.

On va donc en F8 obtenir une descendance assez tranchée entre le phénotypes JH (qui sera relégué à 25% du génotype) et le phénotype WW et ses hybrides, effet d'autant plus catalysé par le choc génétique de deux contraires. De là on peut choisir de créer deux lignées de ce génotype F8 et ensuite.... etc...

On se rend vite compte qu'en IBL les choses ne sont pas si modulables que ça, et pas forcément adéquates non plus à un objectif pensé pour l'hybridisme.
Mon reflexe serait pour cette hybride de monter un backcross JH F1 sur WW F1 et d'en utiliser le mâle sur un femelle JHxWW RR F6, et c'est bien là que les IBL trouvent tout leur sens aussi un jour ou l'autre : leurs F1 qu'on croit venir tout droit d'une faille temporelle des années 90 :petard: . De bonnes vieilles hybrides monstroplantes qui poussent sur Mars.

Dans le cadre d'une préservation ou bien d'un "nettoyage" de strain des traits que je trouves indésirables, je procède exactement de la même manière.
Je splittes le génotype en lignées pour ne rien perdre faute de visibilité, puis régulièrement j'opères des pollénisation ouverte dont je manipules les effets par la représentation numérique de chaque lignée dans la fertilisation. Cela peut être se caler sur le F3 ou bien tendre plus sur un P1 qu'un autre etc... quoi qu'il en soit répéter le cycle m'offre une bonne ventilation des gènes et me permet de bosser sur des strains sans passer par leur achat en F1 dès qu'une dépression se pointe, il me suffit de croiser deux lignées IBL gardées lointaines depuis au moins 3 générations. Pour certaines je serais bien incapable d'en retrouver d'ailleurs. Vous n'éviterez pas la dégénerescence pour autant, mais il reste tout a fait possible de la garder fixe à moins de 10% (ce qui est en dessous de la moyenne commerciale sur tout ce que j'ai pu testé) en dynamisant intelligemment les lignées.

Cette façon de maintenir cette cosanguinité pure en fonction des équilibres génétiques des specimens, c'est un peu se servir d'une loupe sur quelque chose de plusieurs hectares et breeder ce qu'on y voit.

Déjà, pendant les trois générations qu'on peut considérer comme préparatoires, on assiste naturellement à la déconstruction du génotype en faveur d'un regroupement de phénotypes dont les axes sont les P1 voir encore plus en amont suivant les choc génétiques induits. Ainsi en fin d'IBL on se retrouve plus souvent avec des phénos "antiques" qui sont largement antérieurs au P1 qu'on a utilisé des années auparavant, qu'avec des nouveaux génotypes. Quand ça arrive, une nouvelle variété est né et là je vous dis que vous avez la larme car c'est que vous avez souffert le martyr en sélection en amont.

Bon courage pour vos projets !
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v1 texte brut 05.02
v2 schémas+ exemples photos (en court au 16.02)
v3 final

Re: L'Inbreeding ou IBL (v1)

Posté : 05 févr. 2010, 18:57
par M.B
Cool un peu de lecture :topcool:

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