Dexter, je viens de finir la saison 2, j’aime bien. Dexter est, à ma connaissance le premier héro existentialiste de notre paysage audio visuel (y a aussi Steevy*, dans un autre registre et pour d’autres raisons). Pour schématiser, voire caricaturer (les pinailleurs iront se taper les 722 pages de « l’être et le néant »

), l’existentialisme est une (La) philosophie de la liberté et de la responsabilité. On est responsable de nos choix, de ce que l’on est ; on se choisit tel ou tel, on peut se prendre en main, changer, décider de notre être car pour Sartre, le passé n’est ni déterminant, ni transcendant par rapport à l’avenir (c’est discutable, à tel point que les existentialistes se font rares). Car dans la pratique, c’est bien plus compliqué, bien entendu, beaucoup de « pesanteurs » font que cette Liberté est toute relative (lire un peu de Bourdieu pour s’en convaincre) mais je m’égare…
Dexter, par son histoire tourmentée, ne ressent quasiment aucune émotion, il joue un rôle en permanence (cette « mascarade », c’est souvent la voix off – sa pensée - qui nous la fait réaliser). Ne ressentant rien et étant l’acteur conscient d’une mascarade sociale permanente, il est vraiment libre, pas d’attaches sentimentales, pas de conviction « façonnante », il ne répond finalement qu’à un vague code (quelques points qui régissent sa vie de serial killer) légué par son père adoptif. Pour ces raisons, Dexter peut réellement se choisir, au fil de ses aventures et de ses réflexions. Il n’est pas « enchaîné » par les affects ou les sentiments, il peut penser « librement » aux orientations à donner à son existence et s’y tenir (moins de « pesanteurs »). Dexter raisonne, donc, sans être encombré par les sentiments. D’ailleurs, c’est un héros plutôt doux et pas agressif pour un sou (c’est pour la rime

), ce qui peut surprendre pour un serial killer : Dexter est « détaché » d’à peu près tout.
* Steevy, c’est un peu pareil mais pour des raisons différentes : il est tellement c*n (au sens « stupide » du mot) qu’il peut lui aussi se détacher facilement de son passé, se réinventer chaque jour. Il est tellement vide (de réflexion, de sens critique, d’intelligence) qu’il peut, à cheval sur ses quelques neurones, dire tout et son contraire, se transformer en héraut sarkozyste, se choisir « penseur », « critique littéraire » ou « militant », troquer sa tenue moulante de barman de night club pour le costard UMP, Steevy est lui aussi « détaché » de plein de trucs (notamment du ridicule

).