
Et le changement d'appellation se fait en même temps qu'un changement de politique aussi
"Petite chronologie des évènements, notamment dans la Loire:
Le 4 octobre 1948, la grève est totale dans les houillères. 340 000 mineurs en grève ! Le 7 octobre, premier mort; en Moselle, le mineur Jansek est fauché par une rafale de la police. Le 13, six femmes de grévistes sont blessées par les CRS à Forbach. Les premières condamnations sont prononcées. Dans la Loire, les choses s'enveniment à compter du 18 quand les forces de police occupent les puits. A La Béraudière, les mineurs mettent en fuite les CRS et réoccupent leurs puits. Le lendemain, à Saint-Etienne, Carmaux et Decazeville, les grévistes empêchent les forces de police d'occuper leurs puits. Le 20 octobre, bataille rangée et harcèlement des forces de l'ordre durant plusieurs heures à Firminy et La Ricamarie. Le puits de La Béraudière est inondé. Le 21, la police ouvre le feu. Antonin Barbier est tué, Goïo grièvement blessé. Il devait décéder plus tard des suites de ses blessures. A Montceau les Mines, une centaine de CRS sont faits prisonniers !
Cette exposition est réalisée dans le cadre des travaux du Groupe de Recherches et d’Études sur les Mémoires du Mouvement Ouvrier Stéphanois (GREMMOS). Ce groupe, constitué en décembre 2007 par Jean-Michel Steiner (historien) et Daniel Colson (sociologue), a lancé un programme d’enquêtes sur la vie ouvrière, sur le mouvement ouvrier dans le bassin stéphanois des origines jusqu’à la fin du XX° siècle, ainsi que sur la mémoire de ce monde ouvrier ; le projet se plaçant dans une perspective globale d’inventaire et de sauvegarde de la mémoire ouvrière stéphanoise pour l’ensemble de la période.
Le Conseil des Ministres autorise aux forces de police de faire usage de leurs armes, après sommations d'usage - on a vu qu'elles ne s'étaient pas privées - et les travailleurs étrangers sont menacés d'expulsion. Les réservistes sont rappelés. François Mitterrand autorise les pouvoirs publics à sanctionner les journaux incitant à la grève. Le 23 octobre, une quinzaine de journalistes et photographes signent à Firminy une lettre dans laquelle ils déclarent que dans l'affaire Barbier, les forces de police ont tiré sans sommation.
Le 25 octobre, 30 000 personnes assistent aux obsèques d'Antonin (ou Antoine) Barbier à Firminy. Le lendemain, grève générale à Saint-Etienne: la ville est privée de transports. CFTC et CGT-FO appellent à la reprise du travail. Celle-ci débute dans la Loire fin octobre malgré le syndicat CFTC de La Ricamarie qui parle de "trahison" et la CGT qui poursuivra encore le mouvement plusieurs semaines. Le 28 octobre, le maire communiste de Firminy, Marcel Combes, est révoqué.
Au 3 novembre, on compte près de 800 arrestations au cours des opérations de dégagement des puits, tous bassins confondus. 4 novembre: L'Humanité publie "L'Eclatante victoire des CRS" d'Aragon. Le 5 novembre, des mineurs stéphanois sont condamnés à des peines allant de un mois à quatre mois ferme et des amendes de 2000 à 10 000 francs. Le 8 novembre, 50 000 personnes défilent dans le Nord/Pas-de-Calais. Le 12 novembre, bataille rangée à Gardanne. 27 mineurs sont arrêtés. 20 novembre: graves incidents au puits de La Béraudière (Loire): les gendarmes ouvrent le feu, plusieurs grévistes sont blessés. 26 novembre: la souscription en faveur des mineurs en grève atteint 300 millions. Mais le mouvement perd de son ampleur. Durant le mois de novembre des milliers de licenciements, des centaines d'emprisonnements, de condamnations et d'expulsions sont prononcés. 29 novembre: reprise du travail.
Selon Jules Moch, alors Ministre de l'Intérieur, 4000 soldats furent déployés à Saint-Etienne. 35 000 dans tout le Nord Pas-de-Calais, 50 000 dans toute la France.
Selon Joseph Sanguedolce, dans son ouvrage "Parti pris pour la vie", 460 mineurs ont été arrêtés. 368 ont été condamnés. 20 délégués-mineurs ont été révoqués, ainsi que deux administrateurs, pour le seul département de la Loire."