Re: L'ordinateur qui décode vos pensées(pas une blague,pas cool)
Posté : 17 avr. 2010, 16:37
Pour illustrer un peu mes propos, je vous convie à lire l'article suivant :
tiré du canard enchaîné de cette semaine :
Dans la rubrique PLOUF :
COMPLÈTEMENT OUF !
VOILÀ une grande amie de l'humanité : députée UMP, Marie-Anne Mont-champ se passionne pour la folie, la « santé mentale », les « personnes fragilisées ». Admirable, car le sujet, on le sait, n'est pas facile. Lorsque le réalisateur Philippe Borrel, auteur d'« Un monde sans fous ? » (Sur Mediapart à partir du 20 avril. A lire aussi : « Un monde sans fous ? », Champ social éditions, 180 p., 18 €, illustré par Wozniak.), la rencontre, elle est en train d'animer à Sciences-Pô un colloque sur le thème : « Les troubles psychiques dans l'entreprise ». Et ce qu'elle dit est passionnant. Aujourd'hui, affirme-t-elle, « une personne sur quatre dans notre pays traverse un épisode dépressif ». Affreux ! Horrible ! Scandaleux ! C'est bien le signe que cette société techno-industrielle est malade, non ? Non. Marie-Anne Montchamp voit ça autrement : pour elle, ancienne DRH dans la banque, l'assurance et la grande distribution, le scandale réside dans le fait que « si nous mettons ainsi entre parenthèses un quart de notre ressource humaine, nous nous disqualifions totalement dans la compétition économique ». Oui messieurs-dames, les dépressifs les suicidaires les mal dans leur peau plombent l'économie française ! Ils coûtent cher à nos entreprises et à la société ! Celles-ci doivent donc remédier à leur « incapacité de tirer parti des personnes fragilisées » ! Il est urgent de « lever les tabous ». D'avoir des « enjeux chiffrés ». De mettre en place « tout un quadrillage, si je puis dire », de « centres experts à côté de chez soi, ouverts dans la ville, faciles à trouver », où les « personnes fragilisées » pourraient consulter, c'est d'ailleurs ce à quoi s'attelle la puissante fondation Fonda-Mental, dont elle est la présidente.

Et ce qui est épatant, c'est que la députée UMP compte beaucoup sur les avancées de la technoscience : non seulement demain les laboratoires pharmaceutiques produiront « des molécules configurées ou adaptées à des situations quasi individualisées », mais, comme l'explique le neurologue Yves Agid, on devrait pouvoir «placer sur le crâne des puces qui enverraient des faisceaux très particuliers », et du coup « moduler les circuits cérébraux » des écœurés de la vie, c'est génial ! Mieux : le fou ne sera plus montré du doigt, car Marie-Anne Montchamp et ses amis ont déjà commencé un travail sur les mots et les représentations : finie la «folie », désormais il faut parler de « santé mentale ». Chacun pourra donc avoir un petit épisode dépressif et en parler comme d'une simple angine. Chouette ! Nous serons tous fous et fiers de l'être, car, étant sous puce ou molécule, nous ne plomberons plus la compétitivité nationale. Dans le domaine de la santé, « où peut-on gagner de l'argent à l'heure actuelle ? », demande le Pr Roland Gori, initiateur de l'Appel des appels. La réponse est simple : « Les actionnaires (des labos) peuvent plus facilement en gagner ici que dans d'autres spécialités, dont les pouvoirs d'extension sont limités. » Une fois soignée, une rougeole ne rapporte plus un kopeck, alors qu'une bonne petite déprime chronique due à un boulot pourri... La psychiatrie version Marie-Anne Mont-champ a donc l'avenir devant elle. Et vive la croissance !
Jean-Luc Porquet
tiré du canard enchaîné de cette semaine :
Dans la rubrique PLOUF :
COMPLÈTEMENT OUF !
VOILÀ une grande amie de l'humanité : députée UMP, Marie-Anne Mont-champ se passionne pour la folie, la « santé mentale », les « personnes fragilisées ». Admirable, car le sujet, on le sait, n'est pas facile. Lorsque le réalisateur Philippe Borrel, auteur d'« Un monde sans fous ? » (Sur Mediapart à partir du 20 avril. A lire aussi : « Un monde sans fous ? », Champ social éditions, 180 p., 18 €, illustré par Wozniak.), la rencontre, elle est en train d'animer à Sciences-Pô un colloque sur le thème : « Les troubles psychiques dans l'entreprise ». Et ce qu'elle dit est passionnant. Aujourd'hui, affirme-t-elle, « une personne sur quatre dans notre pays traverse un épisode dépressif ». Affreux ! Horrible ! Scandaleux ! C'est bien le signe que cette société techno-industrielle est malade, non ? Non. Marie-Anne Montchamp voit ça autrement : pour elle, ancienne DRH dans la banque, l'assurance et la grande distribution, le scandale réside dans le fait que « si nous mettons ainsi entre parenthèses un quart de notre ressource humaine, nous nous disqualifions totalement dans la compétition économique ». Oui messieurs-dames, les dépressifs les suicidaires les mal dans leur peau plombent l'économie française ! Ils coûtent cher à nos entreprises et à la société ! Celles-ci doivent donc remédier à leur « incapacité de tirer parti des personnes fragilisées » ! Il est urgent de « lever les tabous ». D'avoir des « enjeux chiffrés ». De mettre en place « tout un quadrillage, si je puis dire », de « centres experts à côté de chez soi, ouverts dans la ville, faciles à trouver », où les « personnes fragilisées » pourraient consulter, c'est d'ailleurs ce à quoi s'attelle la puissante fondation Fonda-Mental, dont elle est la présidente.
Et ce qui est épatant, c'est que la députée UMP compte beaucoup sur les avancées de la technoscience : non seulement demain les laboratoires pharmaceutiques produiront « des molécules configurées ou adaptées à des situations quasi individualisées », mais, comme l'explique le neurologue Yves Agid, on devrait pouvoir «placer sur le crâne des puces qui enverraient des faisceaux très particuliers », et du coup « moduler les circuits cérébraux » des écœurés de la vie, c'est génial ! Mieux : le fou ne sera plus montré du doigt, car Marie-Anne Montchamp et ses amis ont déjà commencé un travail sur les mots et les représentations : finie la «folie », désormais il faut parler de « santé mentale ». Chacun pourra donc avoir un petit épisode dépressif et en parler comme d'une simple angine. Chouette ! Nous serons tous fous et fiers de l'être, car, étant sous puce ou molécule, nous ne plomberons plus la compétitivité nationale. Dans le domaine de la santé, « où peut-on gagner de l'argent à l'heure actuelle ? », demande le Pr Roland Gori, initiateur de l'Appel des appels. La réponse est simple : « Les actionnaires (des labos) peuvent plus facilement en gagner ici que dans d'autres spécialités, dont les pouvoirs d'extension sont limités. » Une fois soignée, une rougeole ne rapporte plus un kopeck, alors qu'une bonne petite déprime chronique due à un boulot pourri... La psychiatrie version Marie-Anne Mont-champ a donc l'avenir devant elle. Et vive la croissance !
Jean-Luc Porquet