Le rôle des casinos dans le processus de blanchiment
De tous temps, le blanchiment d’argent par l’intermédiaire des casinos a été un sujet de préoccupation majeur pour les pouvoirs publics. Un simple regard sur les différentes législations en terme de jeux de hasards permet de s’en rendre compte. Légalisés dans certains pays, illégaux dans d’autres, les casinos ont dès leur apparition, suscité toutes sortes de craintes. Très vite aussi, ils furent amalgamés au milieu du crime organisé. Parmi les choses que l’on reproche le plus souvent aux casinos, citons entre autres :
o Les dangers liés à l’addiction au jeu (d’ordre psychologiques)
o L’accès aux jeux de hasard par des mineurs
o Le blanchiment d’argent
Le blanchiment d’argent est historiquement lié aux activités de jeux de hasard. Le procédé est en lui-même enfantin : il suffit d’échanger la somme à blanchir contre son équivalent en jeton, «jouer» ou tout simplement se balader dans le casino et récupérer ensuite son argent blanchi en liquide ou sous forme de chèque. Ce procédé simplissime fonctionne néanmoins pour de petites sommes d’argent seulement; pour des plus grosses sommes, il conviendra de répartir le montant à blanchir sur plusieurs jours, voir même sur différents casinos, afin de ne pas attirer les soupçons sur soi. Différentes lois existent, variant selon les pays et les états (pour les casinos sis aux Etats-Unis) afin de limiter les risques de blanchiment. Néanmoins, il existe autant de méthodes pour contourner ces contrôles et garantir une sécurité maximum dans ce genre d’opérations.
Les casinos virtuels
On peut aujourd’hui sans crainte affirmer que le secteur des casinos virtuels est en pleine expansion. En août 1998, on recensait sur Internet 150 casinos virtuels avec un rythme de croissance de un nouveau casino par mois. En 2002, on comptait déjà 1'400 sites de jeux et le secteur des casinos virtuels aurait réalisé 6,6 milliards de dollars de recette selon une estimation d’experts. Ce montant devrait tripler d’ici 2005 pour atteindre, selon les prévisions, 20,8 milliards de dollars. Le nombre de joueurs devrait quant à lui atteindre cette année les 7,4 million, contre 2,9 millions en 2002. Néanmoins, tous ces chiffres sont à prendre avec des précautions, de par l’opacité de ce milieu et la difficulté d’accès à l’information.
La palette des prestations offertes par ces casinos d’un nouveau genre n’a rien à envier aux casinos traditionnels. En effet, on y trouve des activités telles que : loteries, paris sportifs, blackjack, roulette, bingo, pocker, baccarat, etc.
Le mode de fonctionnement de ces casinos est relativement simple et homogène : les joueurs sont tout d’abord invités à s’enregistrer et reçoivent un mot de passe. Ils doivent ensuite ouvrir un compte offshore situé dans le pays hôte du site, préalablement approvisionné d’une mise de départ. Les mises sont généralement réglées par carte de crédit, tandis que le règlement des gains par le casino s’effectue par compensation sur la ligne de crédit du joueur, par chèques ou virement bancaire. Enfin, apparaît de manière récurrente depuis quelques années un nouveau type de paiement, le e-money (pour electronic money), pouvant être échangé par l’intermédiaire de smart cards d’une personne à l’autre sans avoir a passer par un intermédiaire. Certains experts prédisent un avenir radieux pour ce type de monnaie, qui fait déjà de plus en plus d’heureux dans le milieu des jeux d’argent en ligne5.
Nous l’avons vu plus haut, la plupart des Etats ont drastiquement durci leur législation en terme de jeux de hasard. De ce fait, il n’est pas réellement étonnant de trouver la grande majorité des casinos virtuels dans les paradis offshore, principalement dans les Caraïbes. L’opacité régnant autour de ces casinos et la législation plus ou moins inexistante en matière de surveillance des jeux font de ces pays et des casinos virtuels, un nouvel eldorado du crime organisé et plus particulièrement, en matière de blanchiment d’argent.
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